Démarche artistique
Par mon travail artistique, je m’intéresse à l’observation du monde sensible, à la contemplation, au rêve, à l’expérience intérieure, à l’harmonie.
Deux polarités dynamisent essentiellement mon processus de création : dissoudre et structurer. Par exemple, les fondus et les flous me permettent de faire disparaître les formes reconnaissables au profit de l’abstraction ou de l’expression de formes naturelles par allusion, allégorie ou métaphore. Puis, la composition géométrique et la mise en forme autour de structures élémentaires me permettent d’observer et de mieux comprendre les éléments qui m’entourent. Quoi qu’il en soit, dans ce processus, c’est l’observation et la contemplation qui, pour moi, comptent.
Inspirée par les philosophies orientales et les cultures autochtones, je conçois notre expérience du réel comme une entrée nécessaire vers une expérience plus profonde. Voulant laisser des traces qui touchent profondément l’âme et le coeur, je privilégie l’expression de la sensibilité à partir de l’observation dans le but d’aller au-delà du matériel. Éliminer cet excès de superficialité à laquelle nous pousse la société pour favoriser la contemplation, la connaissance par la compréhension intérieure, le lien à notre âme. Favoriser, par l’acte créatif libre de son propre rythme, une parole authentique avec soi, une communication qui n’a pas besoin forcément de mots parce qu’elle passe par les mains, par le corps, par le coeur.
Issue du domaine du design graphique, je m’exprime surtout par les arts médiatiques : vidéo, photographie, impression numérique. Ceci dit, la peinture m’intéresse aussi pour ce qu’elle peut apporter de matérialité dans cet univers plus virtuel du numérique. Le land art, enfin, m’amène au cœur de ma source d’inspiration première : les éléments de la nature.
À propos
Bio
Née à Montréal (Canada), Caroline Laplante a vécu à Ville d’Anjou, Saint-Bruno-de-Montarville, Drummondville, Sherbrooke, Québec, Trois-Rivières, Saint-Georges de Beauce avant de revenir s'installer à Drummondville.
Diplômée en arts visuels (Université de Laval, 1993) et se perfectionnant continuellement aux technologies de l’image, elle travaille pendant 17 années en tant que designer graphique en entreprise dans le secteur de la biotechnologie. Passionnée par son métier qui lui permet d’amener une touche d’art dans le monde industriel, elle trouve son équilibre entre la création corporative et la création artistique : dessin, collage, land-art, photographie et vidéo.
En 2009, elle conçoit son site Internet pour présenter ses œuvres au public, en même temps qu’elle intègre un collectif d’artistes afin de consolider sa démarche et augmenter son temps de création, engagée à être reconnue comme artiste professionnelle.
En 2011, elle quitte son emploi salarié pour se lancer en tant que travailleur autonome, répondant à un appel intérieur puissant vers la liberté de créer comme bon lui semble. Disponible pour répartir son temps entre service de design graphique et création pure, elle se consacre désormais à la recherche, la création et la production d’un corpus d’œuvres en vue de diffuser son art.
CV
FORMATION
1990 - 1993 Baccalauréat en arts visuels Université Laval à Québec
1990 - 1987 Diplôme d’études collégiales en graphisme Collège de Sherbrooke
EXPOSITIONS (DUO)
Sept 2017 Déploiement, avec Ani Müller, Maison de la Culture de l’Assomption
Juil 2017 Déploiement, avec Ani Müller, Galerie Vincent d’Indy, Boucherville
EXPOSITIONS COLLECTIVES
Nov 2022 Les traces qu'on laisse, Maison des arts et de la culture de Brompton, Sherbrooke
Février 2022 Transformation, Centre culturel Marie-Fitzbach, Saint-Georges de Beauce
Déc 2021 Petit Salon, Atelier Joual Vert, Saint-Georges de Beauce
Nov 2015 Petits formats, Centre d’exposition de Repentigny
Oct 2015 Les Imparfaits, Maison Lachaîne, Sainte-Thérèse (sur sélection)
Déc 2012 Petits formats, Centre d’exposition de Repentigny
Août 2012 Square Foot Show, Twist Gallery, Toronto
Déc 2011 Les Arts s’emballent, Place des Arts de Montréal
Nov 2011 The Little Art Show, Hang Man Gallery, Toronto (sur sélection)
Août 2011 Square Foot Show , Twist Gallery, Toronto
Juin 2011 Cette vie qui nous habite, Espace Laroche Nash, Westmount
RÉALISATION AUDIOVISUEL
Juin 2017 Mikwobaìt Wôlinak, Mémoire vivante, La rivière au lond détour, Vidéo - HD, 12 minutes Production : Conseil des Abénakis, Diffusé au Centre d’Interprétation de Wôlinak
MEMBERSHIPS ET IMPLICATIONS
Depuis 2011 RAAV - Regroupement des artistes en arts visuels du Québec
Depuis 2011 - Collectif Inspirigo, membre fondateur
Depuis 2022 - Maison des arts et de la culture de Brompton
2023 - Culture Centre-du-Québec
2022 - Culture Capitale Nationale et Chaudière-Appalaches
2022 - Artistes et Artisants de Beauce
2017 à 2020 SMQ - Société des musées du Québec
2011 à 2020 - Culture Mauricie
PUBLICATION
2011 Pour un art introspectif, catalogue de 40 œuvres
MÉDIAS
2017 Journal La Relève, 4 juillet Journaliste : Daniel Hart
2017 Journal La Relève, 23 juin
2017 Entrevue, MAtv, émission Lezarts, Cap-de-la-Madeleine, octobre Isabelle Clermont, recherchiste/reporter et Pierre Grondin, réalisateur
2011 L’Express (Toronto), 9 août Journaliste : Guillaume Garcia
EMPLOIS
Depuis 2011 Clartdesign, Artiste en arts visuels et travailleur indépendant du secteur design graphique, vidéo et photographie.
1994-2011 Laboratoires Choisy Ltée, Designer graphique au département marketing
1992 Studio Graphiskor Université Laval, Québec Graphiste et chargée de projet.
CAROLINE LAPLANTE, EXPÉRIMENTER L’ART INTROSPECTIF
par Nadia Nadège, 2010
C’est au néolithique dans les lieux de culte au soleil et à la lune que l’on trouve les menhirs, ces pierres dressées, parfois gravées de spirales, alignées ou en cercle (cromtech). Artiste et graphiste, Caroline Laplante collectionne les roches, les écorces, les bois… glanant dans le sacré que représente pour elle la Nature, les symboles géométriques de la création pure.
Caroline est une artiste nature et naturelle. Elle utilise les bleus comme le faisait la peinture égyptienne, dont le turquoise symbolisait la transparence de l’eau, la naissance du monde et la renaissance du dieu. En quête de ce qui se cache derrière les apparences et de ce qui sous-tend la genèse de la vie même, Caroline pratique l’art de la nuance.
Elle a choisi le pastel comme médium de prédilection. Pour sa tendreté, pour le haut niveau de nuances qu’il permet d’atteindre, pour l’intimité qu’il crée autant pour l’artiste que pour celui qui regarde l’oeuvre. Créer par le pastel, c’est maîtriser la main sur le grain du papier, étendre les pigments en superpositions fines et multiples, générer des rencontres vibratoires entre couleurs et nuances, dans d’infinis jeux d’ombres et de lumières.
Regarder les oeuvres de Caroline demande de s’approcher pour en apprécier toutes les subtilités, de ressentir le velouté gras ou la trace poudrée du bâton, de se laisser pénétrer par le rythme pointilliste, exigeant ce geste intime de communion entre l’oeuvre et son public, exigeant aussi de prendre le temps de voir et de sentir l’oeuvre se dévoiler.
La céramique crétoise utilise largement le décor à motifs géométriques, principalement la spirale dans un bleu sur beige ou beige sur bleu, tout comme l’Islam dont l’art ne peut représenter ni l’humain ni l’animal afin de ne pas rivaliser avec la création divine. Je pourrais dire que Caroline Laplante est une artiste profondément inspirée par la création pure, visible dans la Nature, et se préoccupe certainement de ne jamais rivaliser avec les dieux. Ainsi, tout comme pour l’art d’islam, elle utilise naturellement la spirale, l’étoile ou l’arc architectural.
Caroline est aussi une artiste intimiste. C’est durant la période de l’art classique que l’art intimiste est apparu (en particulier par le portrait) avec Chardin, Vermeer de Delft ou encore Quentin de la Tour, un pastelliste portraitiste, mais aussi artiste symboliste. Art intimiste également que les bleus de Puvis de Chavanne mais surtout celui d’Odilon Redon, peintre des songes et des états d’âme, un des grands maîtres qui inspire Caroline.
Comme les pointillistes, avec Seurat et Signac, Caroline cherche à fractionner la lumière pour mieux en découvrir la structure. Et comme le peintre russe Malevitch, elle source son processus créatif des éléments de base géométriques en même temps que, comme Chagall, elle veut peindre le rêve. Il y a dans l’oeuvre de Caroline Laplante ce constant mouvement entre décomposition structurale – souvent par la géométrie, et onirisme proche du mouvement surréaliste appelant à l’émergence de l’inconscient.
Mais c’est surtout aux traditions orientales que l’art de Caroline Laplante s’apparente le plus – alors même qu’elle ne les a pas encore étudiées. On trouve aussi, dans la préhistoire chinoise, les bronzes shang qui utilisaient les figures géométriques – dont les motifs de foudres, ces spirales carrées ouvertes. Dans les makemono et les kakemono, ces rouleaux de soie peintre, les paysages de montagnes et d’eau sont noyés dans le brouillard comme un monde en dissolution. La méditation du moine devait se faire à partir de la forme tourmentée de l’arbre représenté en premier plan. Les lavis monochromes et la xylographie orientale illustrent bien la manière dont Caroline traite le medium et son support, comme l’un des paysages les plus connus de Fan Kuan : Voyageurs dans les gorges d'un torrent et les estampes de Guo Xi pour la peinture chinoise, ou les peintures du japonais Hiroshige.
Définir Caroline Laplante représente un défi impossible tant elle est une artiste de l’exploration, de l’évolution mais surtout du non-fini, de l’indicible et de l’invisible. On peut, comme je l’ai fait précédemment, la relier à ces courants artistiques qui permettront de saisir une partie de son approche et apporteront un éclairage pour comprendre ses oeuvres. Mais si je devais définitivement la positionner dans une catégorie, je citerais l’art du mandala. Le mandala (mot d’origine sanskrit) représente la totalité, un modèle de structure vitale, un diagramme cosmique, l’histoire d’une relation à l’infini passant par une organisation rythmée de la réalité matérielle. Une matrice parfaite et une entité mouvante… on pense à nouveau à la spirale carrée. Tant dans la tradition védique indienne où l’on trouve les yantra, ces mandalas géométriques, que chez les femmes rangoli qui tracent à la craie des mandalas de protection au sol, le mandala est la base d’un art méditatif. La vesica piscis, matrice en amande à partir du chevauchement de plusieurs cercles, la spirale d’or de Fibonaci ou les cercles de pierres de Rogem Hiri sont autant de mandalas présents à l’état pur.
Et Caroline puise ses sources créatives autour des arbres, du vent, de l’eau, dans son jardin de vivaces qu’elle nomme son laboratoire, créant des oeuvres de land art, comme ce cercle de pierres construit au fond d’un ruisseau. Puis, après s’être chargée d’énergies et d’éléments, comme pour faire se rejoindre science et conscience, elle s’intéresse à ce que dévoile les formes ondulatoires : le halo lunaire, les ondes sonores de Chladni remises au goût du jour par Hans Jenny… mais aussi les atomes de cristal, le détail du flocon de neige, la couronne de la goutte tombant sur l’eau, la coupe de l’arbre, la toile d’araignée. De la spirale de l’ADN ou de la structure microscopique des globules sanguins, Caroline Laplante explore symboliquement l’homme de Vitruve de Leonard de Vinci. Et les centres spirituels de Borobudur à Java, du Grand Stoupa en Inde, de la Pyramide du Soleil et de Chichen Itza au Mexique sont soudain si proches en essence des pastels de Caroline : « Petite roche de Biarritz » (2008), « Écorce vive » (2003) ou « Aigue-marine » (2001).
Si je devais me résoudre à définir Caroline Laplante, je parlerais d’elle comme d’une artiste visuelle d’expression spirituelle : comme les peintures de sable des Navajo, les mandalas de sable des Tibétains, la mosaïque des mosquées, la roue de Dharma en Inde ou la roue-calendrier aztèque, les thanka de soie chinoise mais aussi les visions de Sainte-Hildegarde, les jardins italiens de San Lorenzo ou espagnols de l’Alhambra, ou pour finir le labyrinthe de Somerton.
Son art méditatif s’illustre parfaitement dans son triptyque « Structure d’écorce » (2005) où de fines lamelles d’écorces de bouleau sont encollées dans une triade de figures géométriques entrelacées en un damier propice au recueillement – voire à l’introspection.
Texte
Structure d’écorce, Triptyque 2005 Collage sur papier, écorces de bouleau.
Aigue-marine
Publication
2011, Pour un art introspectif
Catalogue de 40 oeuvres
Petite roche de Biarritz
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